L’abbé de Saint-Pierre
A l’occasion du 350ème anniversaire de la naissance de l’abbé de Saint-Pierre, un colloque international s’est tenu à Cerisy la Salle, du 25 au 27 septembre 2008 et nous a valu la visite de participants désireux de connaître les lieux où est né et a vécu le célèbre abbé dont la statue familière se dresse au cœur du bourg. Cette statue avait remplacé en 1954, son buste en bronze érigé lui aussi sur la place du marché en 1933, qui fut enlevé et fondu par les allemands pendant l’occupation. Une réplique en plâtre de ce buste se trouve à la mairie, face à la salle de conseil municipal.
Charles-Irénée CASTEL (Charles-François tel qu’il fut prénommé en réalité), né le 18 février 1658 dans un manoir aujourd’hui disparu, situé à proximité du château actuel de Saint-Pierre-Eglise, est un écrivain, diplomate et académicien français. Il fut l’un des 10 enfants du baron Charles CASTEL, seigneur de Saint-Pierre-Eglise, grand bailly du Cotentin et de Madeleine GIGAULT DE BELLEFONDS, fille du gouverneur de Caen et de Valognes.
Sa vie se déroula sous les règnes de Louis XIV, la Régence et Louis XV, tant en Val de Saire qu’à Paris ou Versailles. Il mourut à Paris le 29 avril 1743.
L’abbé de Saint-Pierre s’intéressa tour à tour aux sciences, à la morale puis à la politique. Ses écrits traitent de sujets les plus divers pour lesquels il propose des solutions : la guerre, le gouvernement des états, l’éducation, l’administration, les finances, les impôts, les Ponts et Chaussées, la statistique, etc.
Il avait choisi l’état ecclésiastique. Il s’installa à Paris en 1680, fréquenta la maison de Madame de la Fayette et la plupart des salons de Paris. Il devint premier aumônier de la duchesse d’Orléans, se rapprochant ainsi de la cour et des ministres. Il entra à l’Académie Française en 1695 et en fut exclu en 1718 pour avoir critiqué trop ouvertement le gouvernement de Louis XIV. En 1712, il accompagna le cardinal de Polignac au congrès d’Utrecht (Hollande) devant mettre fin à la guerre de succession d’Espagne. C’est là que l’abbé de Saint-Pierre conçut le projet de paix perpétuelle, son principal ouvrage dans lequel il proposait la création d’un tribunal arbitral européen qui réglerait toutes les difficultés entre puissances, sans effusion de sang. Il espéra toute sa vie la réalisation de ce projet, malgré les dédains et les railleries. Ses idées inspirèrent au XXème siècle les créateurs de la SDN en 1919 et de l’ONU en 1945.
Joseph DROUET, l’un de ses biographes, écrivait: « Avec son amour passionné des réformes, avec son désir de perfectionner toutes les institutions sociales, religieuses et politiques de son époque, l’homme n’a pas été un esprit créateur, mais un esprit précurseur. L’abbé de Saint-Pierre, avec ses idées, ses croyances, ses espérances et ses illusions, est et restera toujours la vivante incarnation du XVIIIème siècle. »