Histoire locale de Gilles de GOUBERVILLE
Avec son journal, Gilles de Gouberville nous emmène au cœur de la Normandie rurale du XVIe siècle. Minutieusement, ce livre de raison raconte l’Histoire à travers la vie de tous les jours d’un petit gentilhomme campagnard, dans son manoir du Mesnil-au-Val situé entre Valognes et Cherbourg.
Lorsque le collège public de Saint-Pierre-Eglise fut construit en 1984, il reçut le nom de « Gilles de Gouberville ».
Peut-être ce personnage est-il mal connu, aussi les quelques lignes qui suivent vont-elles tenter d’y remédier.
Gilles de Gouberville a vécu au Mesnil-au-Val au XVIe siècle, il est né en 1521 et mort à cinquante-sept ans.
Il veillait sur son exploitation agricole, faisant effectuer les travaux de son domaine par une nombreuse domesticité car il assumait par ailleurs la charge de lieutenant des Eaux et Forêts, une vie semblable à beaucoup d’autres et qui n’aurait pas dû lui apporter la gloire de passer à la postérité.
C’est par pur hasard que, trois siècles après sa disparition, une découverte étonnante lui apporta la renommée dont il jouit aujourd’hui.
En 1867, l’abbé Tollemer, principal du collège de Valognes, eut entre les mains un curieux manuscrit provenant du château de Saint-Germain-de-Varreville, propriété de M. de La Gonnivière. Celui-ci possédait également un autre document à peu près similaire. Des manuscrits de trente centimètres de longueur et de dix centimètres de largeur, aussi épais que larges, mais dont la lecture était très difficile en raison de l’écriture de leur auteur.
Intrigué et par ailleurs fort érudit, l’abbé Tollemer entreprit de retranscrire ces deux documents. Il s’aperçut alors avec étonnement qu’il avait entre les mains le « livre de raison de Gilles de Gouberville ». C’est une autre circonstance fortuite qui permit à Louis Drouet, historien du canton de Saint-Pierre-Eglise, de découvrir un troisième manuscrit du même auteur, dans le chartrier du château de Saint-Pierre-Eglise.
L’ensemble de l’œuvre de Gilles de Gouberville était ainsi retrouvée. Une sorte de journal en trois volumes, décrivant la vie quotidienne de l’auteur de 1549 à 1562.
Pendant plus de 10 ans, tous les jours, avec sérieux et méthode, Gilles de Gouberville relate dans ce journal tout ce qu’il a fait dans sa journée, les travaux qu’il faisait effectuer sur ses terres, ses nombreux déplacements, les visites qu’il recevait, ses achats, ses recettes. Notons que pour lui, le premier jour de l’année était le 25 mars et non le 1er janvier.
Le récit est précis, sobre, sans animosité ni détails superflus. Il permet donc de suivre au jour le jour la vie de l’auteur et celle des habitants du Cotentin au Xe siècle.
Parmi ses voyages, le plus important fut celui de Blois, à la cour du Roi Henri II, pendant lequel il essaye sans succès d’obtenir la charge de Maître des Eaux et Forêts. Il fait aussi de nombreux voyages à Rouen pour suivre certains procès qui étaient en instance de parlement.
D’autres historiens se sont intéressés à ce personnage : MM. de Blangy, de Beaurepaire, Leroy-Ladurie, Blanguernon, et Mme Foisil. Seul ouvrage de cette dernière – « Le Sir de Gouberville » – se trouve encore en librairie.